Kenneth Gilbert, Prix d’Europe 1953

Il doit être assez difficile pour un jeune musicien québécois d'aujourd'hui de s'imaginer ce que pouvait représenter le Prix d'Europe de l'époque, disons, d'avant la « Révolution tranquille » des années soixante. Il n'y avait alors pratiquement pas d'autre moyen de réaliser le rêve d'étudier à l'étranger, ce qui alors voulait dire en France, bien sûr. Pour cette raison, le terme « Prix d'Europe » avait, à nos oreilles de jeunes étudiants, une résonance presque magique, un but vers lequel ces longues années d'études tendaient tout naturellement. C'était en quelque sorte le portail ouvert sur l'ailleurs, sur le voyage, sur !'expansion de nos horizons personnels de culture et de connaissances.

Pour l'heureux lauréat que j'étais en 1953, il était exclu de faire le voyage en avion (aux prix de l'époque et avec la bourse également de l'époque !) ; c'étaient donc six jours en haute mer qui me séparaient de la terre promise. Puis, ce fut le choc culture! de la vie quotidienne française qu'il fallut assimiler, tant bien que mal et aussi rapidement que possible. Sans préparation, dans un monde d'avant la télévision et où, à Montreal, on ne trouvait pas la presse française au coin de la rue comme aujourd'hui, le dépaysement fut total.

Je n'exagérerai rien en disant que le Prix d'Europe a changé le cours de ma vie. D'abord, en me permettant le contact de maîtres extraordinaires qui, tous, m'ont marqué durablement. Ensuite, en me donnant un appui prestigieux pour lancer une carrière qui, même si elle m'a menée par la suite vers des choix musicaux et à des responsabilités pédagogiques internationales que je n'aurais pu imaginer, m'a aidé à m'établir sur la scène internationale et à réaliser une contribution personnelle clans l'exercice de mon métier, sous ses différentes facettes.

Sur un autre plan, ce séjour en France m'aura permis, par le contact avec le pays de mes ancêtres paternels poitevins, de mieux prendre conscience de mon héritage comme québécois issu des deux grandes nations fondatrices de notre pays tel qu'il est. Cela n'a pas été le moindre bienfait de mon séjour là-bas. Serait-ce donc par atavisme que je m'y suis établi par la suite, pour une aussi large tranche de ma vie professionnelle?

Aujourd'hui, alors que nous vivons clans un monde de communication bien différent de celui que j'ai connu à cette lointaine époque, les opportunités pour les jeunes musiciens se sont élargies et multipliées. Une formation complète, clans toutes les disciplines musicales, est depuis longtemps devenue la norme ici, à tel point que le passage obligé par le Vieux Continent pour se perfectionner n'est plus de rigueur, sinon pour des motifs de culture personnelle. Parallèlement, le phénomène d'étudiants de différents pays d 'Europe et d'ailleurs venant se perfectionner chez nos maîtres d'ici n'est plus exceptionnel. Le Prix d'Europe, centenaire et auréolé du palmarès des nombreuses carrières qu'il a suscitées au cours de son histoire, continuera cependant de jouer son rôle prestigieux de phare dans le plan d'études de tout jeune musicien du Québec.

Chantal Juillet, Prix d’Europe 1979

Le Prix d’Europe fut, pour moi, une étape importante dans mon développement musical. La fascination et la curiosité très vives que je ressentais, adolescente, face à ce continent qu’était l’Europe était malheureusement une option inaccessible, financièrement. L’aide si généreusement offerte par le Prix d’Europe m’offrit la possibilité d’aller explorer cet univers, d’aller perfectionner mon art auprès de grands pédagogues européens. Je me sens privilégiée d’avoir pu profiter du Prix d’Europe et espère de tout cœur que beaucoup d’autres jeunes québécois auront cette même chance.

Jacques Hétu,  Prix d’Europe 1961

Le fait de recevoir le Prix d’Europe de composition  a constitué pour moi un encouragement définitif pour la poursuite de mes études. A la fois aboutissement de me mon apprentissage montréalais et point de départ de l’exploration parisienne, cette bourse m’a permis d’acquérir une expérience inestimable qui a nourri toute ma carrière.

Violaine Melançon, Prix d’Europe 1984

Lauréate du 8è concours international de quatuor à cordes à Evian, France Le nom même du Prix d'Europe représente le désir d'aller perfectionner son art à l'étranger, comme l'on fait les gagnants des générations précédentes et continuent de le faire les plus jeunes.

Charles Richard-Hamelin, Prix d’Europe 2011

Je n'aurais pas pu me démarquer au Concours Chopin, c'est certain, si ce n'était pas pour tous les concours que j'ai fait avant et le Prix d'Europe étant peut être le concours national le plus important que j'ai fait. C'était essentiel à mon parcours pour me rendre jusqu'à Varsovie. Ça c'est certain.

Janine Lachance, Prix d’Europe 1952

Merci à l'Académie de musique du Québec de m'avoir décerné le Prix d'Europe en juin 1952, remis par M. Arthur Pâquet. Après avoir reçu mon 1er Prix de piano au Conservatoire de Québec en 1950 clans la classe de Madame Hélène Landry-Labelle d'Ottawa, celle-ci a décidé de m'aider à préparer pendant deux ans le programme exigé par le Prix. Donc, avec discipline, amour et ardeur au travail, je l'ai gagné et bien mérité, je crois, avec mon talent. Le plus beau privilège était de pouvoir aller me perfectionner à Paris pendant deux ans. J'ai eu la chance d'y travailler avec Mesdames Yvonne et Monique de la Bruchollerie.

Merci encore à l'Académie de musique du Québec et longue vie au Prix d'Europe.

Philippe Magnan, Prix d’Europe 1987

La bourse du Prix d’Europe m’a permis de compléter une troisième année de perfectionnement aux Pays-Bas auprès du professeur Thomas Indermuehle. C’est à cette époque aussi que j’ai décidé de m’initier au hautbois baroque auprès de Paul Dombrecht. Sans l’obtention du Prix d’Europe, il est évident que je n’aurais pu bénéficier de cette expérience inoubliable et très enrichissante qui m’a permis de côtoyer ces grands maîtres européens.

Jean Saulnier, Prix d’Europe 1986

Si on observe la liste des musiciens qui ont remporté le prix depuis sa création en 1911, on voit que ce concours a contribué à l’éclosion et à l’épanouissement de plusieurs générations de musiciens qui ont marqué l’histoire musicale du Québec.  Le Prix d’Europe m’a été très utile, comme à tous les lauréats qui sont en début de carrière, en me permettant d’avoir accès aux conseils des meilleurs professeurs. Ce concours était vital pour le développement de la musique en 1911 et il l’est encore autant aujourd’hui pour tous ceux qui, comme moi, ne peuvent concevoir le monde sans musique.  Je profite de l’occasion, en cette période de rétrécissement culturel, pour saluer les efforts de ceux qui œuvrent à garder cette institution vivante. Longue vie à la musique et au Prix d’Europe.

Olivier Thouin, Prix d’Europe 1997

Grâce au Prix d’Europe, j’ai pu suivre des cours de maître en Suisse et à New York. Cela m’a également permis de me faire connaître et, sans aucun doute, de m’ouvrir quelques portes! C’est une expérience en or pour un jeune musicien.

Bruce Liu, Prix d’Europe 2015

Évidemment, ça m’a donner une grande confiance comme artiste. J’avais juste 18 ans quand j’avais gagné, et c’était, comme le concours OSM, les plus importants concours d’ici et ça ma donné la confiance de me lancer dans les concours internationaux que j’ai fait au fil des ans jusqu’à Chopin, donc évidemment c’est très spécial pour moi.

Eric Trudel, Prix d’Europe 1985

Trente années se sont écoulées depuis le jour où le jury du Prix d'Europe 1985 a décidé d'encourager mes efforts et de me faire l'honneur d'ajouter le nom d'un jeune homme pratiquement inconnu du monde musical à la prestigieuse liste d'interprètes d'élite et de pionniers qui transforment le paysage musical du Québec et du reste du globe.

Une fois le choc absorbé et mon ego de jeune freluquet bien repu de l'attention que je recevais, la réalité s'est empressée de me rappeler à l'ordre. Et ce rappel à l'ordre, administré à coups de douches pianistiques glaciales et de questions directes qui ne toléraient aucune évasion, a été ce que la généreuse bourse de l'Académie m'a permis de vivre sous la tutelle de mon gourou d'alors, Garrick Ohlsson, qui m'a ouvert les  portes de la connaissance sous forme d'éternel questionnement sans aucun jugement: une vingtaine de leçons avec mon Yoda personnel, comme je l'appelais, qui ont pavé la route bien rocailleuse de mon développement pianistique et musical. Et ça, c'est devenu pour moi le plus beau cadeau du Prix d'Europe.

Il y aura vingt ans cette année que je suis professeur dans des universités américaines et poursuis une carrière de musicien professionnel un peu partout dans le monde: l'onde  de choc de l'enseignement de Garrick Ohlsson continue à exercer son effet sur mon jeu  et mon propre enseignement. Rien de tout cela n'aurait été possible sans la bourse du Prix d'Europe et les encouragements de l'Académie de Musique.

Je souhaite une longue vie à l'Académie et au Prix d'Europe: des générations de jeunes musiciens talentueux ont besoin de vous!